S'il est vrai que le terme Fotouni est relativement récent (il date de la fin du 19e siècle), il n'en demeure pas moins que son territoire constitue un vieux pays depuis longtemps où sont venus se fondre les courants migratoires.
Dans cet espace géographique, un peuple y a vécu bien avant la colonisation et a inventé des structures socio-politiques appropriées, des techniques culturales spécifiques. Ces gens ont créé des arts d'une riche chorégraphie, des œuvres littéraires orales d'une grande richesse. La connaissance de cette histoire se heurte à beaucoup d'obstacles : manque de documents écrits, absence de fouilles archéologiques, rareté des transmetteurs de l'histoire dans une société essentiellement orale.
La tradition orale reste le moyen efficace de reconstituer l'histoire de Fotouni. Selon celle-ci donc, l'origine des populations de Fotouni s'inscrit dans le grand mouvement des migrations Bamiléké. En confrontant les données recueillies par les chercheurs et les témoignages de la tradition orale, on peut dire que les Bamiléké auraient une origine pharaonique. Si cet argument est parfois contesté, tout le monde s'accorde sur la dernière étape des migrations Bamiléké. Cette étape est la traversée du Noun par ceux-ci autour du 15ème siècle en provenance du pays Bamoun actuel. Cette traversée s'est faite par vagues successives. Il est difficile de déterminer à quelle vague appartenaient les populations de Fotouni. A ce moment, celles-ci constituaient pas encore une entité géopolitique. Lors de la traversée, ces populations étaient encore disséminées au sein des différents groupes.
Cependant, notons que la branche du futur fondateur de Fotouni est la 9ème vague des Bamiléké qui traversa le Noun et s'installa dans la région de Bagan (département de Bamboutos), Bansoa, Bamendou et dans la plus grande partie de l'actuel département de la Menoua. Selon la légende, KWETCHOUONG, grand chasseur venu de Balessing où il avait manqué de succéder à son père vint s'installer dans le quartier Tcham à Fotouni, région jadis très giboyeuse. Le chef de ce quartier accueillit son hôte avec beaucoup d'intérêt car KWETCHOUONG, excellent chasseur, partageait avec lui le produit de son activité.
KWETCHOUONG chassa jusqu'à , Lassié où EPANTAN venait de succéder à son père QUIEKIEKA, le chef de Lassié, région située en bas de la chefferie actuelle. KWETCHOUONG s'y installa, noua de bonnes relations avec les autochtones, réussit à gagner la confiance des jeunes gens de Lassié par l'offrande régulière des cadeaux et produits de chasse. Il s'enrichit vite en vendant ses produits de chasse. Il en profita pour prendre part aux réunions sécrètes de la chefferie, pour s'équiper aussitôt en armes (fusils, lances) et pour former discrètement les soldats. A la suite des mésententes résultant des tortures et tyrannies entre le chef EPANTAN et ses notables, il monta un complot pour briguer le pouvoir : un véritable coup d'Etat traditionnel.
Il attira vers lui tous les mécontents du régime EPANTAN. Dans la salle des réunions sécrètes, le chef avait une place constante. A la veille de l'une des ces réunions sécrètes, KWETCHOUONG, aidé de certains notables et quelques uns de ses soldats creusèrent un fossé au-dessus duquel ils étendirent des feuilles, des branchages, une mince couche de terre et le tapis traditionnel de grand jour de manière à éviter tout soupçon. Le lendemain, richement habillé, le chef EPANTAN arriva et entra dans la salle des réunions sécrètes, à l'intérieur de laquelle se trouvaient tous les adhérents, y compris les notables comploteurs et KWETCHOUONG. Son regard exprimait une certaine inquiétude. Il dit avant de s'asseoir "Je suis vraiment tout puissant, et je viens voir ceux qui veulent voir EPANTAN s'endormir du sommeil des Rois". Personne n'y comprit rien. Chacun se demandait si le complot avait été révélé au chef. Mais ivre de son pouvoir et sans se douter de rien, il alla se jeter comme d'habitude dans son trône qui le déposa au fond du fossé.
KWETCHOUONG et les siens n'attendaient que cela. Ils accoururent à la grande surprise des autres notables vers EPANTAN et KWETCHOUONG brandit sa machette et lui demanda de lui envoyer du fond du fossé le bracelet de succession ("Kouang pan"), faute de quoi il allait se voir enterré vivant. Pour avoir sa vie saine, EPANTAN s'exécuta. C'est ainsi que KWETCHOUONG devint chef de Lassié.
Appuyé par les jeunes soldats bien entraînés, KWETCHOUONG réussit par conquête à agrandir sa zone d'influence. Les Babong s'allièrent à lui, il déclara la guerre au chef de Tcham (son ami) qui se plia sans difficulté. Après plusieurs conquêtes, il devint chef supérieur et après lui, ses successeurs n'ont fait que continuer son œuvre. C'est ainsi que les groupements Balafi, Ndenla, Kouwop, Kouotcha, Bano, Bamendjo, Latchié et Gwonfet furent annexés. Pour des besoins de sécurité, il fallait placer la chefferie supérieure au centre du village. C'est pourqoui la chefferie fut transportée de Lassié à son emplacement actuel sous le règne du chef NGANKAM.
L'histoire de Fotouni est exaltante et farouche, faite de guerres, d'efforts surhumains, de sang qui ont laissé leurs empreintes indélébiles sur ce peuple. Le terme Fotouni est d'origine guerrière ; ce qui témoigne de l'histoire des fils de ce village qui n'a cessé de s'inscrire en lettres de feu et de violence. Le nom Fotouni est très récent et date de 1909. En effet, lorsqu'un Lieutenant de l'Armée Allemande lors d'un voyage à Dschang s'arrêta à Fotouni actuel, il demanda le nom, on lui répondit : "Petouni". Ce terme qui peut avoir deux sens : soit ceux qui coupent la tête pour faire allusions aux différentes guerres pendant lesquelles les armes utilisées étaient surtout les lances et les machettes ; soit "ceux qui descendent par la tête" c'est-à -dire du haut. En effet, les Fotouniens descendaient des montagnes pour occuper la partie sud. D'une manière ou d'une autre, cette expression est devenue dans ses évolutions Batouni et plutard Fotouni. >
Ces guerres fratricides ont disparu avec l'arrivée des colons et missionnaires puisqu'il fallait plutôt s'associer pour faire face à un autre ennemi de couleur et de coutumes différentes. L'arrivée des colons (Allemands – Français – Anglais) non seulement a mis fin aux guerres meurtrières mais elle a aussi favorisé l'introduction des plantes nouvelles pour aider les populations à améliorer leur niveau de vie et payer les impôts. L'arrivée des colons à Fotouni a aussi favorisé l'implantation des écoles missionnaires catholiques et protestantes. Le contact entre la population locale et les colons ne s'est pas fait sans heurts.
<Les colons donc les quartiers généraux étaient installés à Dschang et Bana soumettaient les populations aux travaux forcés pour creuser les routes et travailler dans les exploitations agricoles implantées dans la région de Dschang, Foumban et le Moungo. Les colons ont aussi institué les impôts qui au départ étaient payés uniquement par les chefs, les sous-chefs, les notables et progressivement, par toutes les couches de la population masculine en âge majeur. Il en a résulté de la part des populations locales des réactions d'opposition allant jusqu'aux révoltes sanglantes.
Les missionnaires ont eu d'énormes difficultés au départ à s'installer en raison des divergences qui existaient entre les coutumes traditionnelles et leur religion notamment en ce qui concerne la polygamie et le culte des ancêtres. Si les missionnaires préparaient les gens psychologiquement à la tolérance et à la soumission, leur action prépondérante à Fotouni fut la création des premières écoles que les parents cachaient à leurs enfants et refusaient de les y envoyer. Ce sont surtout les enfants des pauvres et esclaves qui y allaient parce que n'ayant aucune protection royale.
Avec l'avènement de l'insécurité pendant les années d'indépendances dans certaines régions du Cameroun et plus particulièrement dans la région Bamiléké, le pouvoir a rassemblé la population autour de la chefferie actuelle où un camp militaire était créé pour mieux combattre les maquisards de l'U.P.C. Les populations se sont rassemblées en 3 camps : Famgan – Tchisso et Hiela. La paix retrouvée vers les années 1972, certaines populations ont regagné leurs anciennes exploitations. D'autres sont restées et on y observe jusqu'à nos jours un regroupement important (confère carte sur la répartition spatiale de la population).
Avec le retour de certaines populations dans leurs anciennes exploitations, il y a eu le tracé des routes de désenclavement et la construction des écoles dans les quartiers éloignés. Néanmoins, la dispersion spatiale de ces populations engendre de nouvelles difficultés pour promouvoir les actions communes de développement.
QUIEKIEKA
EPANTAN
KWETCHOUONG
NADOMDOM
NGOUETNET
FOYET
NGANKAM
NGOMSEU
KAMGANG
FONDJO
TEMDEMNOU (1959-2011)
FONDJO II David (2011)